Gens de chez-nous.

Dans mes veines coule un peu du sang des "Jarrets noirs." Mes parents élèvent leurs 8 enfants sur 100 arpents de terre. À 12 ans, je quitte ce coin de pays après avoir fréquenté nu-pieds, l'école de rang de Duplessis, où les "maîtresses" ont 7 divisions, chauffent "l'poêle à bois"… pour 600 $ par année. Et c’est le temps des vocations religieuses, au Québec. Les Frères Maristes s'en chargent. Beauceville, Lévis, Château-Richer, Valcartier me permettent de décrocher, en 1961, un bac. en pédagogie. Une licence en administration suivra. Entre 1961-69, j'enseigne au secondaire tant à Lévis, qu'à Saint-Pamphile et St-Jean.

"J'ai travaillé à l'Île du Prince Édouard…"

Directeur à l'école Saint-Jean-L'Évangéliste de St-Jean entre 1969-71, je suis pendant 8 ans, adjoint à la polyvalente Armand-Racicot. Édouard Fortier (directeur, le Prince), reconnu pour défendre l'autonomie d'une école, n'a aucune difficulté à m'embrigader pour la promotion de cette passion des années '70. Ouf… que de combats ! Tellement que pendant des lunes, on parle davantage de "l'Île du Prince Édouard" que de la polyvalente… Le "télescope du DG braqué sur nous" ne nous inquiète pas. Des années palpitantes : diriger pendant 10 ans l'École Prof. de Métiers et 5 ans l'École Beaulieu. Publier en 1981 un historique de l'École Prof. de Métiers, assister à son agrandissement en 1989 et représenter la FQDE, en 1981, en Suisse et Belgique : autres heures excitantes !

Lorsqu'en 1995, je prends ma retraite, sans hésiter j'écris : "Les 2 plus beaux jours de ma vie furent mon mariage et mes 34 années dans l'enseignement." La foi en ma profession : nourrie à l'intérieur de notre association entre 1971 et '88. Comme président ou engagé dans la promotion de notre profession avec Gill Robert et Réal Deguire aux commandes. Ces Jean Langelier, Roland Héon, Roch Bourbonnais et Rheault et ces dizaines d'éducateurs sous ma gouverne auront été d'autres "chênes" inspirants. Parce que parmi, pour et avec les étudiants. Cette foi ? Elle m'aura fait écourter des nuits pour écrire des "bien cuits" pour des confrères !

Cette boutade, je l'aurai lancée au cours de ma dernière année à la direction des écoles. Pour m'élever contre une bureaucratie mur à mur et des comités de gestion convertis souvent en comités d'écriture. J'aurai assisté à l'agonie du Département de l'Instruction Publique, à la naissance du M.E.Q., aux premières pelletées de terre des polyvalentes suivies d'un envahissement de certains fonctionnaires inventant des écoles sans jamais y mettre les pieds, dénaturant ainsi un Rapport Parent prometteur. Quitte à en payer un prix. J'en paierai un prix administratif en 1993… par courrier recommandé s.v.p. Un rouleau compresseur réglementé passera sur moi et sur plusieurs de cette ancienne garde des écoles secondaires : Jean Rivard, Monique Deslauriers, Michel Dépelteau et feue Denise Ménard. En octobre 1993, je deviendrai directeur d'une école primaire, après 32 ans au secondaire.
-- Tu vas aimer cela car monsieur X a "ben aimé ça…"
-- J'vais me r'tourner d'bord et travailler, fut ma réponse.
Deux mois plus tard, l'on me demandera de reprendre la direction de l'école Beaulieu, je ne saurai que répondre : "Merci, j'm'suis r'tourné d'bord." Et c'était sincère.

Et la retraite… c'est pour quand ?

Quand j'aurai le temps. La Saint-Vincent-de-Paul, ( presque à plein temps ) l'écriture, la musique, des incursions en politique, le chalet, mes petits-enfants et le bricolage priment sur les danses en ligne et le bowling. J'ai souvent plus de fun à conduire ma Mazda 86 essoufflée que ma Lincoln "full equip" et encore plus de liberté à flâner à mon chalet "du bas du huit" que de patauger dans ma piscine chauffée. En ne regrettant rien d'hier. En rêvant toujours à demain.

Ce fameux "bas du huit" en automne…

Souvenir des élèves de Beaulieu